Prologue

"Te souviens-tu de nos jours d’avant ? Ces jours où, même si la pluie était présente, la joie rayonnait du moindre port de notre peau. Moi je m’en souviens et je veux m’en souvenir, Grande Sœur. Grande sœur, petite sœur… Voilà un sujet qui a souvent animé nos conversations, n’est-ce pas ? Aujourd’hui encore, nous n’avons pu déterminer qui de nous deux est l’aînée. Oh, je t’entends déjà d’ici arguer que c’est toi. Peut-être que dans le fond, tu as raison. Je suis la cadette, tu es l’aînée. Est-ce si important après tout ? Tu es toi, je suis moi, et ensemble nous sommes sœurs."

Willow Creek. Ville paisible, digne banlieue d’une petite ville historique et pleine de caractère. Dans un quartier bien plus paisible encore, loge une jeune demoiselle à l’ambition prononcée. Forte de caractère, jolie comme un cœur et qui en a parfaitement conscience. Elle décida d’ancrer sa vie dans cette ville afin de partir sur une nouvelle base. Oublier le passé, oublier la tristesse. Recommencer de zéro, loin  des cancans et des rumeurs dont elle était sujette. Même si elle se destinait à être au centre de l’attention, elle ne souhaitait en rien être celle dont on parlait en mal. Elle fit donc ses valises après avoir décroché un petit rôle dans une publicité. Suite à moult auditions, une petite agence voulu bien la prendre sous son aile et la belle put enfin commencer sa carrière d’actrice.

- Es-tu sûre de toi, Isabeau ?

La brune fixait sa sœur avec scepticisme. Et pourtant, elle pouvait lire dans les yeux de son aînée l’ambition et l’assurance. La cadette se gratta la joue tout en sourcillant. Elle fut toujours ainsi : indécise et peureuse. Certains diront qu’elle était timorée. Sûrement, répondrait la principale intéressée mais elle vécut toujours ainsi et ne se voyait pas changer. Peut-être un jour, ou peut-être pas. Ou peut-être…

- Cesse donc de t’inquiéter autant, Iseult.

La blonde soupira, réprimandant ainsi sa sœur. Elle s’installa dans son canapé et fixa l’opportune qui osait remettre en question ses choix de vie. Bras croisés sous sa poitrine, le dos profondément calé dans le cousin du dossier, Isabeau fixait Iseult.

-          - Pour ça, tu as pris de notre mère. C’en est presque insupportable.

Iseult baissa les yeux tout en se mordillant les lèvres. Elle ne savait que trop bien que son principal défaut agaçait sa sœur mais qui pouvait-elle ? On ne changeait pas simplement par qu’on le souhaitait ou que quelqu’un le réclamait. Elle luttait depuis sa plus tendre enfance contre cette facette de sa personnalité et savait très bien qu’elle n’y arriverait jamais. Cependant, elle réussit à surprendre l’actrice en lui dévoilant un beau sourire. Un poil septique, Isabeau scruta sa sœur qui s’asseyait à ses côtés sans se desservir de son sourire.

-        -   C’est de la triche de sourire comme ça, bouda Isabeau.

-          - Ah bon ?

-        -   Tu ressembles à notre père ainsi.

Cela fit doucement rire Iseult qui secoua la tête avant de lui expliquer que si elle semblait ressembler à leur père c’était dû à la couleur de ses cheveux. Noir corbeau, tout comme lui.

 - Tu as peut-être raison. Au moins tu as hérité quelque chose de nos parents.

- Toi aussi.

- Non, je tiens mes cheveux et ma couleur d’yeux de notre grand-mère.

- Est-ce une mauvaise chose ?

Cela fit sourire tendrement la blonde. Non, elle n’était en rien honteuse de ses origines. Une longue lignée était derrière elles deux. Blondes pour la plupart, bleu-vert pour certaines. Une étrange anomalie capillaire qui faisait la fierté de bien des membres de leur famille. Les Vauganne étaient fières de leurs origines. Oui, FièRES ! Car après tout, elles étaient majoritairement des femmes fortes et indépendantes. Aimantes pour la plupart, ayant vécu des hauts et des bas. Chacune rencontra des difficultés comme la violence, la trahison ou encore la mort d’un proche.

- Nous sommes qui nous sommes, Isabeau. A quoi bon chercher à ressembler à notre mère ou à notre père ?

La blonde baissa le regard, attristée. Iseult s’excusa rapidement sentant la blessure de sa sœur.

- Ils te manquent n’est-ce pas ? L’actrice ferma les yeux et fit signe que oui de la tête. Pardon, je ne voulais pas te blesser. Mais c’est une réalité : nos parents ne sont plus là.

Isabeau décocha un regard haineux à sa jumelle mais cette dernière ne cilla pas pour autant. Timorée certes mais avec sa sœur, elle savait argumenter. Elle souffla par la bouche sentant qu’elle aurait du mal cette fois-ci. Le sujet était sensible – à juste titre.

- N’interprète pas mal mes mots Isabeau. Ce que je veux simplement dire c’est que tu es toi, quelques soient tes origines. Ton futur, comme ton passé sont tiens. Tu vois ce que je veux ?

- Oui mais ça n’empêche en rien de regretter les défunts. Tu devrais montrer un peu plus de respect Iseult.

Un nouveau soupir. Elle les respectait, les déféraient même ! Mais à quoi bon les pleurer toute sa vie ? Elle avait assez pleuré depuis son enfance, ses dernières larmes, elle les a offertes à son défunt père. Elle s’était alors juré de ne plus verser de larme, qu’elle sourirait quoi qu’il se passe.

-  Enfin passons, à chacun sa manière de faire son deuil. Iseult acquiesça. Quant est-il de ton projet ?

Le sourire revient sur chaque bouche et Iseult s’empressa d’expliquer son projet à sa sœur.

Si Isabeau avait choisi une voie plus artistique et à la fois peu commune en le métier d’acteur, Iseult étant plus réservée et prudente, elle avait pour ambition de travailler dans le domaine culinaire. En entendant cela, Isabeau ne put réprimer un sourire. Sa jumelle avait toujours cuisiné avec leur mère et rayonnait dans leur cuisine. Elle posa une main chaleureuse sur l’épaule de sa cadette et lui déclara :

- Tu vas faire des miracles. Et où projettes-tu de t’installer ?

- Je ne sais pas encore. J’ai quelques pistes et j’attends la réponse de deux restaurants. Je vais commencer en bas de l’échelle mais c’est une bonne manière d’apprendre.

- C’est sûr, tu n’as pas fait d’étude dans ce domaine.

- Non, je me suis longtemps demandée ce que j’allais faire de ma vie. J’ai beaucoup de retard a rattrapé.

- Tu sembles t’en réjouir ! Iseult lui confirma d’un radieux sourire qu’elle avait hâte de commencer. Et… pour le logement ? Je t’aurais bien accueillie mais mon proprio refuse que je sous-loue.

- Ne t’en fais ! J’ai trouvé un terrain dans un des quartiers de Willow Creek !

 FIN - Suite à venir